Une fois de plus, une créatrice indépendante est obligée de s’en remettre à la réaction du public pour rétablir une vidéo.
YouTube a censuré et suspendu la chaîne de la journaliste indépendante Alison Morrow après qu’elle a publié une vidéo mettant en évidence plusieurs exemples de médias grand public violant les règles de « désinformation médicale » régulièrement utilisées par le géant technologique pour punir les créateurs indépendants sur la plate-forme.
Après avoir été confronté à une réaction de plus en plus vive à cette décision, YouTube a rétabli la vidéo.
Dans la vidéo maintenant rétablie, intitulée « Les médias d’entreprise peuvent enfreindre les règles de YouTube » et mettant en scène Matt Orfalea (un producteur vidéo indépendant récemment censuré par YouTube pour avoir mis en évidence la censure de YouTube), Morrow a mis en évidence deux exemples de chaînes d’information d’entreprise violant la politique de YouTube en matière de « désinformation médicale ».
Le premier exemple montrait un clip de février 2020 de la chaîne YouTube de NBC News où l’un des présentateurs déclare : « Les experts mettent en garde, les masques ne sont pas toujours la solution ». Un autre présentateur déclare : « Si vous êtes malade ou si quelqu’un de la famille est malade, alors les médecins disent que le masque est un moyen efficace d’empêcher la propagation de ce virus, mais dans un lieu public, pas tellement. »
Le deuxième exemple montre un clip de mars 2020 de la chaîne YouTube de CNN, dans lequel le Dr Sanjay Gupta, son correspondant médical en chef, parle du coronavirus et déclare : « Il y a un certain réconfort dans l’idée que la grande majorité des gens ne vont pas tomber malades à cause de cela » et « cela rappelle aux gens, je pense un peu, la grippe en général ».
Mme Morrow a fait remarquer que ces deux clips d’information d’entreprise violent la politique actuelle de YouTube en matière de « désinformation » médicale, mais qu’ils n’ont pas été supprimés. Le premier clip viole la règle qui interdit les « affirmations selon lesquelles les masques ne jouent aucun rôle dans la prévention de la contraction ou de la transmission du COVID-19 » et le second clip viole la règle qui interdit les « affirmations selon lesquelles les symptômes, les taux de mortalité ou la contagiosité du COVID-19 sont moins graves ou aussi graves que le rhume ou la grippe saisonnière ».
Elle a également souligné que la politique de désinformation médicale de YouTube est contraire à l’objectif de la science et du journalisme :
« Comment la science ne peut-elle pas toujours être une désinformation médicale, si la science est la pratique même de la découverte de nouvelles choses ? Il est tout simplement impossible de faire de la science sur YouTube ou du journalisme d’ailleurs. Vous ne pouvez pas vraiment faire du journalisme sur YouTube, à moins d’être une entité corporative, parce qu’évidemment, le journalisme consiste aussi à remettre en question les récits et à proposer de nouvelles idées, et vous ne pouvez pas le faire si les directives de la communauté visent à protéger le statu quo. »
Morrow a ensuite suggéré que le but de la politique de désinformation médicale de YouTube est de créer « un casting de personnages sûrs qui font fondamentalement partie de la même classe d’entreprise que YouTube » et note que « vous pourriez même dire exactement la même chose que les informations d’entreprise » et encore « faire face aux conséquences qu’ils ne vont pas faire face. »
Pour illustrer ce point, Morrow a cité la récente censure d’Orfalea par YouTube dans le cadre de sa politique de désinformation médicale, où il a été suspendu pour avoir téléchargé des « coupes brutes non publiées » d’une vidéo soulignant la censure de l’ivermectine par YouTube, qu’il avait déjà supprimée avant que la suspension ne soit prononcée.
Morrow a fait valoir que cette suspension « n’a même pas de sens », car la politique de désinformation médicale est censée être axée sur la prévention de la « diffusion » de fausses informations.
« Vous devez être en train de la propager activement », a déclaré Morrow. « Vous [Matt] aviez même cette vidéo, elle ne se propageait pas parce qu’elle n’était pas là. Elle n’était même pas, elle n’était pas publique, et ils s’en sont quand même pris à vous pour ça. »
Orfalea a ajouté : « Ce n’était pas public et je l’avais supprimé après qu’ils m’aient donné un avertissement. Je suis désolé de me répéter mais c’est insensé ».
En plus de critiquer l’application incohérente par YouTube de sa politique en matière de désinformation médicale, Orfalea a également critiqué YouTube pour avoir démonétisé sa chaîne à cause d’une vidéo parodique vieille de sept ans et a préfiguré la censure et la réintégration de cette vidéo en notant que le « seul espoir » des petites chaînes pour faire annuler les décisions de censure erronées est de créer une « tempête » sur Twitter.
La vidéo se termine par la déclaration d’Orfalea : « Les grands médias sont évidemment sur un terrain de jeu différent, ils ne sont pas traités de la même manière. S´ils étaient traités de la même manière ou si les règles étaient appliquées de la même façon, leurs chaînes auraient été supprimées depuis longtemps. »
Après la publication de cette vidéo, YouTube a souligné le point de vue de Morrow et Orfalea dans la vidéo en la supprimant et en émettant une grève sur la chaîne de Morrow qui l’empêchait de télécharger ou de diffuser en direct pendant sept jours.
« Après avoir exposé comment les informations corporatives sont autorisées à enfreindre les règles de désinformation sur le #Covid de @YouTube en montrant des vidéos toujours en place sur les chaînes @NBCNews et @CNN, #YouTube m’a suspendu – pas eux », a tweeté Morrow en réponse à la suspension. « Cela a prouvé mon point de vue : YouTube cible les créateurs indépendants et laisse la presse traditionnelle tranquille ».
Elle poursuit : « Le jeu est pipé et il devrait être clair pour quiconque respire qu’il ne s’agit pas de faire taire les idées dangereuses ou la désinformation – il s’agit de protéger une classe spécifique de diffuseurs d’informations. Et enfin, à tous mes anciens pairs des médias traditionnels, il est temps de prendre conscience des dangers que représente une oligarchie de la communication et d’arrêter d’encourager la censure – c’est embarrassant et contraire au journalisme. »
Orfalea a également critiqué YouTube pour avoir suspendu Morrow tout en permettant à la vidéo de CNN de rester sur la plateforme :
« LA FOLIE SE POURSUIT ! YouTube vient de suspendre @AlisonMorrowTV après avoir supprimé une vidéo où nous discutons de la façon dont les « médias d’entreprises peuvent enfreindre les règles de YouTube », montrant comment les corporate news diffusent de la désinformation relative au covid. Au lieu de suspendre CNN, Alison est maintenant suspendue pour les avoir EXPOSÉS !!! ».
Morrow a fait appel de la suppression de la vidéo, mais cet appel a été rejeté.
« @TeamYouTube a REFUSÉ mon appel après m’avoir suspendu pour avoir montré des vidéos de @NBCNews & @CNN qui sont toujours en ligne », a tweeté Morrow. « Si @youtube se préoccupe vraiment de la ‘désinformation’, pourquoi les vidéos de CNN & NBC sont-elles autorisées alors que je suis bloqué de ma chaîne pour les avoir dénoncées ? ».
Orfalea a déclaré que le rejet de l’appel avait « ZERO sens » et a ajouté : « YouTube est en train de DÉTRUIRE les médias indépendants. »
Plusieurs avocats et journalistes ont dénoncé YouTube pour avoir suspendu la chaîne de Morrow.
« Des règles si nébuleuses qu’elles peuvent s’appliquer à tout le monde, à tout le monde et à personne en même temps », a tweeté l’avocate Viva Frei. « Je n’ai jamais rien vu d’un tant soit peu répréhensible sur la chaîne @AlisonMorrowTV ».
La journaliste Kristi Leigh a ajouté : « Les médias indépendants sont attaqués alors que les médias d’entreprise continuent de vivre. Voilà pour la ‘voix des sans-voix’. Seuls ceux qui ont le plus d’argent et de pouvoir peuvent se faire entendre sur les plus grandes plateformes. »
Et après avoir fait face à ce contrecoup, YouTube a ensuite rétabli la vidéo, et ce faisant, a mis en évidence un autre point qui a été fait par Orfalea dans la vidéo – que les petites chaînes doivent souvent compter sur l’attention du public sur Twitter pour obtenir ces types de décisions de censure inversées.
Mme Morrow a réagi au rétablissement de sa vidéo en faisant remarquer que la plupart des petits créateurs n’ont pas le temps et l’énergie nécessaires pour « se montrer constamment belliqueux sur YouTube » et que, par conséquent, « on est essentiellement coincé ici à mener des guerres sur Twitter en se demandant ce qui va se passer, et c’est une façon terrible de faire des affaires ».
Elle a ajouté que si la décision de supprimer sa vidéo était « vraiment basée sur la science, ils auraient dû s’en tenir à leur décision, mais ils ne s’y sont pas tenus et ils ne m’en ont même pas parlé. »
L’expérience de Morrow est l’un des nombreux exemples montrant que les médias grand public ne sont pas tenus au même standard que les créateurs indépendants sur YouTube.
Au début de la pandémie, YouTube a automatiquement démonétisé les créateurs indépendants qui mentionnaient le coronavirus, tout en permettant aux « partenaires d’information » des médias grand public de monétiser leurs vidéos. Cette inégalité s’est poursuivie pendant près d’un mois avant que YouTube ne change les règles et autorise tous les créateurs à monétiser (bien que même avec ce changement, il y ait encore des réserves).
Début 2020, des médias grand public ont été interpellés par des clips qui utilisaient des images d’un hôpital italien pour décrire les conditions de vie à New York. Pourtant, ces clips sont toujours sur YouTube aujourd’hui.
En dehors du cas du coronavirus, les médias grand public bénéficient d’exceptions explicites aux règles de YouTube relatives aux « discours haineux » et sont boostés artificiellement par les algorithmes de YouTube.
Source: Reclaim The Net, le 13 juillet 2021 – Traduction par Aube Digitale
14 juillet 2021
Dictature Sanitaire, Fin des Libertés, News, Nouvel Ordre Mondial